lundi 28 octobre 2013

Un long week-end d’élection.


Conformément aux recommandations de sécurité, je suis resté barricader dans ma presqu’ile de Libanona (petit anecdote toponymique que j’ai apprise récemment ; ce nom a été donné à la presqu’ile en raison du nombre de Libanais qui s’y étaient installés jadis pour faire du commerce. Quand je vous disais qu’on pouvait voire de tout à Mada !  )

A vrai dire même sans cette « interdiction » je ne serai pas sorti de chez moi ; ambiance tempête tropicale tout le week-end ! Remarquez c’était très beau. Les cocotiers pliaient sous les bourrasques de vent, la pluie tombait en rideau, les éclairs déchiraient l’obscurité quasi permanente et la plage avait disparu sous les assauts des flots. Un paysage somme toute apocalyptique, mais charmant à regarder depuis ma terrasse.
Mais cela eut été bien moins authentique si nous n’avions pas eu de très grosses coupures d’électricité. Je crois que le nombre d’heure d’électricité que nous avons eu entre vendredi et dimanche matin peut se compter sur les doigts d’une main. C’est fou mais c’est vraiment dans ces situations qu’on se rend compte du luxe d’avoir de l’électricité 24/24 ET 365/365…  Je me suis donc converti à la bonne vielle tradition de la bougie ! Mais tout de même il est bien difficile de cuisiner à la lueur de la chandelle ; ou de lire un livre d’un œil, tout en veillant de l’autre à ce que la cire ne tombe pas sur le canapé. Il est très handicapant quand on est issu de la « génération-interrupteur » d’apprendre à vivre sans la fée électricité ! Quelque part c’est même effrayant : quand la ville (peut-être même le pays !) sont plongés dans l’obscurité totale, de nuit, vue des satellites, l’ile disparait de la carte ; quand l’électricité fait défaut tout le système de télécommunication fait également défaut, plus d’internet, plus de réseau pour les portables, tout peut arriver ! Mais qui irait s’en soucier ?

Vendredi j’ai bravé la tempête pour aller au restaurant à 50 mètres en bas de chez moi. J’y ai rencontré deux Grecs. Certes on trouve de tout à Mada, mais deux Grecs je ne m’y attendais pas ! En discutant j’ai appris qu’ils étaient envoyés par l’Union Européenne en qualité « d’observateurs ». Ils m’ont appris que dans chaque ville de l’ile, un nombre variable d’observateur avait été envoyé. Leur mission ? Patrouiller dans la ville pour « observer ». Pour ce faire l’Union Européenne les a dotés d’un 4x4 par personne  et d’un superbe polo bleu et jaune ! Quand on sait que ces 4x4 ont été achetés pour l’occasion et acheminés spécialement depuis l’Europe en porte-conteneur, on a du mal à croire que nous sommes en temps de crise ! D’autant plus, disons le franchement ils ne servaient à rien ! Ils devaient observer. Mais quoi ?! Que les élections se fassent de manière démocratique ? (Je me demande avec malice si ce n’est pas la raison pour laquelle ils ont choisis d’envoyer des Grecs, les Pères de la Démocratie ?) Les dirigeants de l’UE ne sont pas très pragmatiques, qu’est ce qu’un civil Grec au volant de son 4x4, flambant neuf, peut faire face à un coup d’état ou une foule en révolte ?! Je ne veux pas être cynique, mais envoyer des gens surveiller la vie politique d’une ancienne colonie cela n’est-il pas une résurgence néo-colonialiste ? Au moins, me direz-vous, ils ont eu la « décence » de ne pas envoyer de Français pour cette « mission»…

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