Maurice est toute petite. 48km de longueur pour 40km de
large, soit la distance Nantes-Nozay et Nantes-Pornic… Pour atterrir l’avion ne
descend pas en ligne oblique, mais il tourne en spirale autour de l’ile jusqu’à
toucher le tarmac : nausée assurée !
En provenance de Madagascar, arriver à l’aéroport de Maurice
a été une véritable rédemption. Aéroport moderne, taxis confortables, routes
goudronnées, eau potable, absence de palu. En un instant tout ce qui avait été
le quotidien, la routine, de mes trois derniers mois est apparu comme un
fardeau et j’ai redécouvert la joie de vivre à l’Occidental dans un pays
développé.
A Maurice on prend conscience d’un phénomène assez fascinant :
la distorsion de l’espace. Je vous l’ai dit c’est une île minuscule perdue au
milieu de l’Océan Indien. Cependant à écouter les Mauriciens il s’agirait d’un
territoire immense. Pour cette île qui ne fait même pas la taille d’un
département français, le gouvernement a trouvé le moyen de la diviser en une
dizaine de région administrative pour « faciliter la gestion » !
Si du Nord au Sud la distance est de 48km, dans l’esprit des habitants il s’agit
de la même distance qu’entre Lille et Marseille. Cette distorsion spatiale est
appuyée par une « diversité » climatique qui va du pôle Nord au Sahara en
passant par les zones tropicales. Au Sud de Maurice les températures seraient « très
très fraîches », par opposition au Nord qui est nettement plus chaud (:
il faut dire qu’on est plus proche de 48 km de l’équateur…) Pareillement, il y aurait autant de différences entre un
Mauricien du Nord, du Centre et du Sud qu’entre un Inuit, un Chinois et un Bédouin….
Pendant 15 jours nous avons fait une boucle, pour découvrir l’ile
dans son ensemble et les différences de cultures ne sautent pas aux yeux !
Nous avons commencé par la côte Est, qui est envahit par les tours opérateurs
bon marchés ; puis l’extrême pointe Nord de l’île qui est plus connue par
son surnom, qui en dit long, de « la
Croisette » ; puis le grand Sud qui est largement préservé du
tourisme.
Les Mauriciens sont vraiment des gens agréables. Gentils sans
être mielleux, souriants sans être
moqueurs, mais surtout ils n’en ont pas après votre argent. C’est très
agréable, de pouvoir demander un renseignement dans la rue sans devoir donner
quelques sous pour avoir une réponse, ni d’être sollicité par les mendiants, ni
de devoir payer des bakchichs à longueur de journée.
Maurice, en dehors des circuits touristiques, ressemble
beaucoup à l’Inde. Sarees, cuisine épicée, couleurs, odeurs, temple dravidiens, statuettes de
divinités le long des routes. Il y particulièrement une ville qui nous a frappé
par son authenticité, son atmosphère nonchalante et son bon vivre :
Mahébourg. Lieu où Napoléon a gagné sa seule bataille navale face aux
Britanniques et les Mauriciens en sont très fiers ! Une sorte de pesanteur
plane au-dessus de la ville. Comme si elle n’avaient pas fini de fêter la
victoire napoléonienne
Ce qui est fascinant à Maurice c’est la culture linguistique
de l’île. Les Mauriciens, sans distinction de classe sociale, sont tous
trilingues et même plus. Chacun à une langue maternelle propre (Cantonais,
Mandarin, Hindi, Tamoul, Penjâbi,…). Tout le monde parle Créole car c’est la
langue de la sociabilité informelle. Tout le monde parle Français « car c’est
le Français ». Et enfin, tout le monde
parle Anglais car c’est la langue officielle. C’est véritablement extraordinaire
à Maurice, l’île n’a connu qu’un siècle d’administration française, la France l’a
quittée en 19ème, l’anglais est la seule langue officielle, mais
tout le monde préfère apprendre le Français avant l’Anglais et l’utilise plus
souvent. Pour vous donner un exemple, l’essentiel de l’affichage publicitaire
et signalétique est fait en Français !
Cela pourrait sembler incohérent d’aller à Madagascar, puis
à Maurice ; de passer sans gêne de la plus grande pauvreté au paradis
capitaliste. A vrai dire les deux pays entretiennent des liens culturels très
forts, et les deux populations s’estiment très largement. Malgré l’éloignement apparent
des deux îles, il y a une véritable continuité. La fertilité du sol, le vert
des paysages, la canne à sucre, le Rhum, les maisons créoles, le raphia, les
lémuriens, les tortues, la vanille, les litchis, la marqueterie, les tintinophiles,
les francophiles, les épices, Paul et
Virginie, … Saviez-vous que lorsque la France à quitté Madagascar en 1960
il aurait été question que la direction du pays soit confiée à Maurice ?
Mais à vrai dire de ce qu’on nous dit de Maurice, les plages,
c’est très décevant. En effet, vous êtes
sur une île mais vous ne voyez que très rarement la mer. Tous les rivages sont
pris d’assaut par les hôtels et résidences de luxe, l’essentiel des côtes est
privatisé. Ainsi vous pouvez être à 10 mètre à vol d’oiseau de la plage, il
vous faudra néanmoins faire 5km en voiture pour accéder à la plage publique. On
vous dit plage publique, en fait il s’agit plus d’une bande de sable de 2
mètres coincée entre la route et la mer, et pour se baigner il faut nager entre
les yachts de luxe… De même, comme c’est une île volcanique, le plateau
continental sous-marin est très élevé. Ainsi il faut marcher longtemps (300 mètres)
pour avoir de l’eau au-dessus du genou. Sur toutes les publicités Occidentale de
Maurice, on peut voire une personne qui fait la planche au milieu des eaux turquoise.
Si elle fait la planche c’est que c’est l’unique moyen de se mouiller
intégralement et si l’eau est turquoise, c’est qu’elle n’est pas profonde !
Tout cela pour vous dire que les plages Malgaches valent mille fois celles de
Maurice.
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