mercredi 1 janvier 2014

Aperçu d’une société postcoloniale


Pour la Saint Sylvestre j’avais été invité par la présidente du tribunal à la soirée réunissant toutes les huiles Malgaches de la ville. Pour la première fois, j’avais l’occasion de découvrir la société malgache de l’intérieure, c’est bien simple j’étais l’un des seuls Occidentaux. Lors de cette soirée j’ai découvert un monde que je soupçonnais, mais que j’avais pu pénétrer, la société postcoloniale.

Le restaurant, juste au-dessus de l’océan Indien, ressemblait à une salle de  « bal de promo » américaine des années 50 ; très kitsch ! Des grandes tentures, des guirlandes de ballons, des grosses fleurs et des paillettes partout. Le thème était rouge et  blanc ; «  les deux couleurs communes aux drapeaux français et malgaches, mais aussi parce que ca fait Noël ».

Les hommes étaient en costume, nœuds papillons et chemise à froufrou. Les femmes rivalisaient toutes avec des toilettes parisiennes des plus récentes. 

Si 98% des personnes présentes étaient Malgaches, toutes les conversations se faisaient en français, les seuls mots de Malgaches étaient pour que les serveurs apportent plus de vin, ou une autre corbeille de pain. Ici tout le monde connaît la France comme sa poche, tous les hivers (i.e. juillet et août) on transhume sur la Côte d’Azur et le bassin d’Arcachon pour trouver un peu de chaleur…

Le repas était très raffiné, uniquement des plats français malgachisés. Foie gras à la mangue (je ne vous l’ai jamais dit auparavant, mais les Malgaches font du foie gras, et il n’a rien à envier à celui du Périgord), méchoui de zébu, langouste à l’armoricaine, Paris-brest à la vanille… Juste pour vous narguer, je n’avais jamais vu autant de langouste, des plateaux entiers, j’en ai mangé 3 ! En ce qui concerne les boissons il en était de même, « eau de Vichy » venant d’Antsirabe, vin gris de Fianarantsoa, mais champagne Français pour minuit. 

Un orchestre était chargé d’assurer l’ambiance de la soirée. Pendant le repas deux jeunes chanteuses, accompagnées de Madame Yvonne et de Monsieur Hector reprenaient sans fausse note, les tubes de Brel, Dalida, Montand et Piaf. 

Quand le bal a débuté, j’ai pu découvrir la danse nationale malgache l’afindrafindrao (littéralement « pas à pas ») qui n’est autre que la malgachisation du menuet ! Il se danse en couple, en une longue chenille. La femme devant, pose la tête sur l’épaule de l’homme qui est dans son dos. Ils se tiennent par les mains, qu’ils ont levées au niveau de leurs épaules. Chaque couple doit tourner ses mains au rythme de la musique, tout en avançant à petits pas. Au 5ème temps tous les couples se tournent vers la droite/ gauche puis reprennent leurs trottinements. Il n’est réellement rien de plus délicieux comme spectacle, l’espace d’un instant on se croirait dans un roman pastoral du XVIIème…

A minuit, il n’y a pas de décompte juste de pudiques applaudissements. Ensuite, on se fait la bise tout en serrant la main de la personne, homme ou femme. A chaque fois il faut répéter la longue formule « bonne année, prospérité et santé »…

Les Malgaches se couchent de bonnes heures, à 1heure la fête était finie. La suite de la soirée est moins anecdotique, j’ai rejoint mes amis à une soirée d’expat dans le grand hôtel de la ville. 

Sans que je ne m’y attende, ce réveillon de la Saint Sylvestre s’est transformé en voyage dans le temps, un temps qui n’est plus mais persiste malgré tout ...

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