Pour la Saint Sylvestre j’avais été invité par la présidente
du tribunal à la soirée réunissant toutes les huiles Malgaches de la ville. Pour
la première fois, j’avais l’occasion de découvrir la société malgache de l’intérieure,
c’est bien simple j’étais l’un des seuls Occidentaux. Lors de cette soirée j’ai
découvert un monde que je soupçonnais, mais que j’avais pu pénétrer, la société
postcoloniale.
Le restaurant, juste au-dessus de l’océan Indien,
ressemblait à une salle de « bal de promo » américaine des
années 50 ; très kitsch ! Des grandes tentures, des guirlandes de
ballons, des grosses fleurs et des paillettes partout. Le thème était rouge
et blanc ; « les deux
couleurs communes aux drapeaux français et malgaches, mais aussi parce que ca
fait Noël ».
Les hommes étaient en costume, nœuds papillons et chemise à
froufrou. Les femmes rivalisaient toutes avec des toilettes parisiennes des
plus récentes.
Si 98% des personnes présentes étaient Malgaches, toutes les
conversations se faisaient en français, les seuls mots de Malgaches étaient
pour que les serveurs apportent plus de vin, ou une autre corbeille de pain. Ici
tout le monde connaît la France comme sa poche, tous les hivers (i.e. juillet
et août) on transhume sur la Côte d’Azur et le bassin d’Arcachon pour trouver
un peu de chaleur…
Le repas était très raffiné, uniquement des plats français
malgachisés. Foie gras à la mangue (je ne vous l’ai jamais dit auparavant, mais
les Malgaches font du foie gras, et il n’a rien à envier à celui du Périgord),
méchoui de zébu, langouste à l’armoricaine, Paris-brest à la vanille… Juste
pour vous narguer, je n’avais jamais vu autant de langouste, des plateaux
entiers, j’en ai mangé 3 ! En ce qui concerne les boissons il en était de
même, « eau de Vichy » venant d’Antsirabe, vin gris de Fianarantsoa,
mais champagne Français pour minuit.
Un orchestre était chargé d’assurer l’ambiance de la soirée.
Pendant le repas deux jeunes chanteuses, accompagnées de Madame Yvonne et de
Monsieur Hector reprenaient sans fausse note, les tubes de Brel, Dalida,
Montand et Piaf.
Quand le bal a débuté, j’ai pu découvrir la danse nationale
malgache l’afindrafindrao
(littéralement « pas à pas ») qui n’est autre que la malgachisation
du menuet ! Il se danse en couple, en une longue chenille. La femme
devant, pose la tête sur l’épaule de l’homme qui est dans son dos. Ils se
tiennent par les mains, qu’ils ont levées au niveau de leurs épaules. Chaque
couple doit tourner ses mains au rythme de la musique, tout en avançant à
petits pas. Au 5ème temps tous les couples se tournent vers la droite/
gauche puis reprennent leurs trottinements. Il n’est réellement rien de plus
délicieux comme spectacle, l’espace d’un instant on se croirait dans un roman
pastoral du XVIIème…
A minuit, il n’y a pas de décompte juste de pudiques
applaudissements. Ensuite, on se fait la bise tout en serrant la main de la
personne, homme ou femme. A chaque fois il faut répéter la longue formule « bonne
année, prospérité et santé »…
Les Malgaches se couchent de bonnes heures, à 1heure la fête
était finie. La suite de la soirée est moins anecdotique, j’ai rejoint mes amis
à une soirée d’expat dans le grand hôtel de la ville.
Sans que je ne m’y attende, ce réveillon de la Saint
Sylvestre s’est transformé en voyage dans le temps, un temps qui n’est plus
mais persiste malgré tout ...
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